Téléphonie : quelles alternatives après l’arrêt du RTC ?

Avis d’expert par Ramon Felder. Business Development Executive chez Patton

 

Réseau historique de la téléphonie, le Réseau Téléphonique Commuté (RTC) vit ses dernières heures. Son extinction débutera en 2018, au profit de solutions plus modernes. Dès lors, il est temps pour les entreprises de lancer les projets de substitution. 

Arrêt du RTC : quels impacts pour l’entreprise ?

Alors que 70 % des entreprises possèdent des lignes RTC, l’opérateur historique prévoit leur extinction progressive dans les toutes prochaines années. La production de lignes analogiques s’arrêtera au dernier trimestre 2018, simultanément sur l’ensemble de la France métropolitaine. Et dès 2021, les premiers commutateurs RTC seront mis hors service et seront supprimés les uns après les autres selon un calendrier encore approximatif.

Le réseau téléphonique nouvelle génération sera basé, comme c’est déjà en partie le cas, sur une architecture IP. Et ne sera finalement qu’un service parmi d’autres sur le réseau Internet. Ce qui offre aussi une grande flexibilité en termes d’équipements, un appel téléphonique pouvant dès lors être passé depuis n’importe quel terminal : ordinateur ou tablette par exemple.

S’il ne s’agissait que d’appels téléphoniques, les impacts resteraient limités. La technologie est bien maîtrisée et il existe nombre d’options et de produits sur le marché qui permettent aux entreprises de faire évoluer leur infrastructure vers la VoIP (Voix sur IP).

Mais la réalité est toute autre : de nombreux services autres que la voix s’appuient, et ce depuis très longtemps, sur le réseau RTC. C’est le cas par exemple de systèmes d’alarme, de machines à affranchir, des dispositifs de contrôle d’accès ou de télésurveillance, ou encore des lignes téléphoniques d’urgence installées au bord des routes, dans des tunnels ou dans les ascenseurs.

Certains de ces systèmes sont peu à peu remplacés par de nouveaux usages, comme c’est le cas par exemple du fax au profit d’emails et de documents scannés. D’autres seront remplacés par des nouvelles générations d’équipements comme c’est le cas des terminaux de paiement électronique (TPE) qui, de plus en plus, se connectent directement au réseau IP. Cependant, il n’en reste pas moins que nombreux sont les services et équipements à s’appuyer sur le RTC, pour lesquelles il faut donc penser à trouver des solutions.

 

Migration IP : des réponses multiples, adaptées à toutes les situations

Pour la téléphonie, la majorité des entreprises dépendent de leur centrale téléphonique, un autocommutateur privé (PBX), basé sur câblage distinct du réseau informatique et connecté au RTC par des lignes RNIS. Avec l’arrêt du RTC, ces lignes RNIS vont disparaître et les réseaux d’opérateurs vont converger autour d’une architecture IP unique, dans laquelle la téléphonie partagera la bande passante avec les autres données.

Pour s’adapter à ce changement, plusieurs choix s’offrent aux entreprises. Ainsi, si l’infrastructure PBX n’est pas obsolète ou si l’entreprise souhaite la conserver pour des raisons budgétaires, une simple passerelle peut être utilisée pour convertir les interfaces RTC en interfaces IP. La centrale téléphonique reste inchangée en interne, conserve les mêmes appareils et numéros, mais se destine, vers l’externe, à un fournisseur d’accès internet et un trunk SIP.

En revanche, si l’infrastructure PBX est en fin de vie, il est alors possible d’opter pour l’installation d’une nouvelle PBX IP. Ainsi, le IP-PBX, qui s’intègre aux réseaux IT de l’entreprise, permet de mutualiser les ressources physiques autour d’une seule et même architecture, dans laquelle chaque serveur opère sa propre fonction.

Enfin, l’entreprise peut aussi faire le choix d’un PBX hébergé dans le Cloud. Des solutions aujourd’hui rendues possibles par l’amélioration des débits internet, permettant en outre aux entreprises de limiter leurs investissements matériels et de s’affranchir de la maintenance d’un IP-PBX dans leur réseau.

 

Un accompagnement au changement nécessaire

Quel que soit le choix opéré, il est essentiel de ne pas oublier l’utilisateur final, afin qu’il s’approprie le nouveau système de téléphonie : transferts d’appel ou encore liste des contacts bien sûr, mais également les différentes et très nombreuses fonctionnalités permises par la téléphonie IP.

Il faut également rassurer les utilisateurs. Si pendant de nombreuses années, les motivations des entreprises pour la téléphonie en IP s’articulaient autour de la baisse de coûts qu’elle engendre, malgré bien souvent une qualité moindre, ce temps est aujourd’hui révolu. Les coûts comme la qualité sont désormais tout à fait comparables, mais ventilés différemment, avec notamment une bande passante suffisante pour assurer une haute qualité à la transmission du signal sonore.

Tandis que pour encore améliorer la fiabilité, outre les efforts des opérateurs en la matière, un certain nombre de procédures dégradées peuvent coexister pour éviter toute coupure, comme un basculement automatique sur le réseau mobile par exemple si le réseau fixe est tombé.

Et dans le même ordre d’idées, le passage à l’IP peut servir aussi le confort et l’efficacité des équipes, grâce par exemple à la convergence du fixe et du mobile, avec basculement d’un appel sur poste fixe vers le mobile en cas d’absence. En bref, plus qu’une contrainte, l’arrêt du RTC peut représenter une véritable opportunité pour les entreprises.