New-York, Londres, Paris : les défis de la coordination des soins des grandes métropoles

Avis d’Expert de Paul Grabscheid, Vice Président Strategic Planning, InterSystems

intersystems-PaulGrabscheidAu-delà du défi technique de transfert électronique de l’information, les grands villes, que ce soit New York, Londres ou Paris, sont toujours confrontées à la même problématique : le partage d’informations… la coordination de l’activité humaine, afin que les médecins, les patients et toutes les personnes impliquées dans les soins agissent de concert. Et même si on parle de Système de santé, on ne parle pas ici de mécanismes, avec des pièces finement calibrées, bien ajustées entre elles, déroulant un processus prévisible qui fonctionne bien du début à la fin. C’est beaucoup moins coordonné que cela…

La coordination des soins dans les grandes villes… un réel défi !

Les grandes villes sont confrontées à des problèmes complexes quand il s’agit d’améliorer la santé de toute une population et de garantir une meilleure qualité et efficacité des soins pour leurs concitoyens. À certains égards, bien sûr, les grandes villes ont des avantages énormes. Elles sont bien desservies par d’excellents médecins et des hôpitaux de renommée mondiale. Dans le même temps, elles doivent fournir des soins à de nombreux endroits différents, à une population très nombreuse, mobile et diversifiée sur le plan économico-social, ce qui se traduit souvent par des soins fragmentés et mal coordonnés.

En règle générale, les grandes villes subissent une pression économique plus importante que leurs homologues plus petites. Elles doivent composer avec des salaires et des coûts opérationnels plus élevés – à un moment où les systèmes de santé du monde entier cherchent à contenir les coûts – tout en offrant les meilleurs soins possibles… ce n’est pas un, mais plusieurs défis qu’elles ont à relever !

Le partage de l’information pour l’amélioration des soins… des résultats concrets !

Le partage d’informations est essentiel pour atteindre un double objectif : améliorer la coordination des soins et renforcer l’implication et la participation des patients. Il ne s’agit pas uniquement d’avoir des médecins efficaces, bien informés et prenant les bonnes décisions, mais aussi de permettre aux patients d’être impliqués, afin qu’ils respectent mieux leurs plans de soins et deviennent des participants actifs dans leurs propres traitements.

A New York, par exemple, grâce à cette infrastructure de soins connectés qui concerne plus 12 millions de patients, chaque médecin est alerté dès qu’un de ses patients reçoit des soins d’urgence, ce qui lui permet de réagir plus vite dans le suivi de son patient… une démarche qui entraine une réduction de 17% des réadmissions hospitalières à 30 jours.

A Londres également, grâce à la coordination des soins d’urgence, les patients souffrant de maladies chroniques graves reçoivent le traitement qu’ils ont personnellement approuvé en partenariat avec leurs médecins ou des infirmières. Ces informations sont partagées dans tout le continuum de soins… une démarche qui évite aux patients des hospitalisations non désirées et contraires à leurs plans de soins, ou même à leurs instructions de fin de vie le cas échéant.

Une approche que l’on retrouve dans le projet de Paris : le besoin de mettre en place une plate-forme ouverte et puissante, pour permettre le partage d’informations et la coordination des soins, puis d’utiliser cette plate-forme pour des services à valeur ajoutée autour de parcours de soins bien définis, à commencer par trois ou quatre maladies chroniques. Puis des processus de planification à l’échelle de la Région, afin qu’il soit plus facile pour les patients de suivre leur plan de soins et pour les médecins de superviser cette coordination des soins.

Faire des métropoles des communautés de soins humaines et connectées.

Ces 3 métropoles sont à la pointe de la coordination des soins pour de vastes populations et elles ont un focus particulier sur les problèmes de santé chroniques. Et plus la population est grande, plus la tâche est immense. Les réussites les plus significatives ont été mesurées là où le patient se sent une connexion – un sentiment d’appartenance à une équipe ou une communauté – avec les prestataires de soins.

Une des grandes leçons que nous avons apprise est que, d’une façon ou une autre, vous devez trouver les moyens de développer ce sens de la communauté. Il peut se concentrer sur un problème de santé particulier, ou sur un certain groupe d’âge, ou sur une région géographique. Quand une grande région métropolitaine peut créer une communauté autour d’une maladie chronique comme le diabète, les patients inscrits à ces programmes perçoivent cette démarche de manière positive comme quelque chose de personnalisé, à laquelle ils pourraient adhérer volontairement pour participer plus activement à leur santé.

Le sentiment d’appartenance est également construit sur la communication. Les patients veulent interagir de partout et facilement avec leurs fournisseurs de soins et rendre les interactions utiles et productives. L’objectif ultime doit être une communication bidirectionnelle, facilitée par ces plates-formes régionales.

La valeur de la participation des patients et la coordination des soins va au-delà en donnant au patient l’accès à son propre dossier médical, ainsi qu’en facilitant la collaboration avec leurs fournisseurs de soins. Et la technologie ne doit pas être une fin mais un moyen qui permet la collaboration et l’engagement, transformant des métropoles tentaculaires et hyper complexes, en communautés de soins humaines et connectées.